Arpenter le politique - Terrains du conflit et de la légitimation

Johanna Siméant-Germanos

Vendredi 9:30-12:30 (8 dans l’année) à partir du vendredi 18 octobre 2024, Salle R 3 46, Campus Jourdan

Séances : 18/10, 15/11, 19/12 (attention, changement, jeudi 19 de 13 à 16h), 24/1, 21/2, 21/3, 4/4, 16/5

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Ce séminaire de lecture entend échapper aux routines qui affectent aujourd’hui les sciences sociales au travers de cloisonnements disciplinaires et sous-disciplinaires accrus, et de stratégies scientifiques qui tendent à promouvoir des descriptions binaires des débats des sciences sociales pour pouvoir feindre de les dépasser. A cette situation correspondent aussi des choix d’objets empiriques de plus en plus contraignants dans un environnement de la recherche en tension, avec l’imposition soit de formes mécaniques de comparatisme international appuyées sur des bases de données pauvres, soit de choix d’objets empiriques délimités et restreints supposés illustrer, logique du projet oblige, une démonstration préprogrammée. En pâtissent certains projets de connaissance qui supposeraient davantage de tâtonnements, de rupture avec des objets déjà là, pour saisir des objets massifs qui ne tiennent pas dans une seule question et demandent des démarches coûteuses en temps et en énergie, individuelle ou collective.

La science politique, et plus exactement les sciences sociales du politique, n’échappent pas à ces effets de cloisonnements (sociologie des mouvements sociaux, des relations internationales, de l’action publique, des professionnels de la politique…) qui produisent mécaniquement de faux dépassements. Pourtant, certaines des recompositions les plus marquantes des formes du gouvernement contemporain nécessitent aujourd’hui de connecter des savoir-faire empiriques et des réflexes théoriques propres à des bibliothèques souvent très spécifiques : économie politique, sociologie des transformations des mondes professionnels, de la sous-traitance au secteur associatif, professionnalisation du militantisme politique, effets du new public management et des injonctions de certaines organisations internationales sur l’État, questions particulièrement travaillées dans les travaux d’études aréales… Comment, par exemple, penser l’action nationale et internationale de militants africains en prenant en compte leur connexion aux niches critiques du monde du développement – alors même que ce développement transforme aussi les formes de l’action, sans toutefois qu’il ne fasse de ces militants des idiots utiles de la mondialisation ? Que doivent les capacités de légitimation et de répression des régimes politiques, au nord comme au sud, aux transformations du capitalisme néolibéral et à ses effets sur les ordres sociaux ? Comment penser protestation et mobilisation en dehors de la bibliothèque la plus routinisée de la sociologie des mouvements sociaux ? Quels effets la division internationale accrue du travail militant produit-elle sur la forme d’expression des intérêts ? Autant de questions que ce séminaire s’emploiera à examiner à partir de l’examen de travaux à forte densité empirique.

Chaque séance s’appuie la lecture préalable de textes publiés ou liés à des recherches en cours.

Validation du cours : assiduité complète et travail personnel.

Direction de travaux d’étudiants : oui

Encadrement d’étudiants au niveau master et doctorat.

Réception : sur rendez-vous.

Niveau requis : ouvert aux étudiants en master, doctorat et auditeurs libres.

Adresse électronique de contact : johanna.simeant@ens.psl.eu

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Programme :

18 octobre 2024 : 
  • Introduction par J. Siméant-Germanos
 15/11
Présentation du livre de Doris Buu Sao, Le capitalisme au village. Pétrole, Etat et luttes environnementales en Amazonie, par Johanna Siméant-Germanos
- Présentation de la thèse d’Antoine Chauvot, "Hacker vaillant rien d’impossible ? Les experts cyber et IA au cœur de mutations de l’État"
 
19/12
- Présentation du livre de Baptiste Giraud, Réapprendre à faire grève, par Gabriel Rosenman
- Présentation de la thèse de Rodolphe Demeestère, AmaGintsaDe  la privatisation de la sécurité des épiceries somaliennes au racket xénophobe.
 
24/1
Présentation du livre de Félicien Faury, Des électeurs ordinaires. enquête sur la normalisation de l’extrême droite, par Julien Allavena
- Présentation de la thèse de Louise Klein, Usages et pratiques du "droit du gouvernement" dans la formation coloniale et postcoloniale de l’État somalilandais
 
21/2
Présentation du livre de Julie Pagis, Le prophète rouge. Enquête sur la révolution, le charisme et la domination, par Julie Blanc 
- Présentation de la thèse de Gabriel Rosenman, « Le sou du prolétariat contre le million du capitalisme ». La pratique des caisses de grève dans le mouvement ouvrier français (1830-2023) : une carence syndicale propice aux solidarités ouvrières
 
21/3
- (ouvrage à venir)
- Présentation de la thèse de Julie Blanc, La mise en cohérence de soi au fil des classes sociales, contribution à une sociologie des alignements moraux. Une étude comparative de l’engagement écologiste et du protestantisme adventiste
 
4/4
- Présentation du livre de Mehdi Labzaé, Partisans, fonctionnaires et paysans : une enquête sur l’État-parti en Éthiopie, par Hugo Trévisan
- Présentation de la thèse de Manon Piazza, Accumuler et certifier sans l’Etat ? Une sociologie des mondes des crypto-monnaies, entre finance, hautes-technologies et start-ups
 
16/5
- Présentation de la thèse de Louise Bur Palmieri : "Ouvrières, Employées, Ménagères !". Femmes de classes populaires et instances communistes en France (1920-1939)
- Présentation du livre de Pierre François, Financiariser l’assurance - Enquête sur solvabilité II, par Manon Piazza